Dans le cheminement intérieur, il est facile de tomber dans un piège subtil : celui de l'ego dit spirituel.
À mesure que l'on s'ouvre à de nouvelles connaissances, que l'on développe certaines perceptions ou capacités, on peut involontairement nourrir une part de soi qui cherche à exister à travers ces acquisitions.
L’ego, au lieu de s'effacer dans la présence, se réinvente en se parant de nouvelles identités : "celui qui sait", "celui qui est éveillé", ou encore "celui qui a des dons spéciaux".
Mais plus nous cultivons ces images de nous-mêmes, plus nous nous éloignons de ce que nous sommes réellement : une pure présence, silencieuse et intemporelle.
Quand l’ego se réinvente dans la spiritualité
L'ego est une structure mentale qui cherche à se définir, à exister à travers des concepts, des rôles ou des comparaisons. Lorsqu’il s'engouffre dans la spiritualité, il peut transformer cette quête intérieure en une nouvelle forme de contrôle ou de validation. Il se nourrit alors d’idées comme :
- Je suis différent des autres grâce à mes connaissances.
- J’ai des capacités que d’autres n’ont pas.
- J’ai atteint un niveau supérieur de conscience.
Ces pensées, bien qu’elles semblent inoffensives, créent une séparation intérieure et extérieure. Elles nous éloignent de l’essentiel : la simplicité de la présence.
La présence : l’œuvre silencieuse
La véritable présence ne revendique rien. Elle n’a pas besoin de reconnaissance, de validation ou de mots pour exister. Elle est cet espace silencieux et immuable qui orchestre tout, sans effort.
Lorsque nous sommes pleinement dans cet état de présence, il n’y a pas de "moi" qui agit. Les actions, les paroles et les événements s’alignent naturellement, comme une mélodie jouée sans partition. À l’inverse, quand l’ego intervient, il crée une agitation intérieure : il planifie, compare, analyse et cherche à prouver sa valeur, même sous un masque spirituel.
Reconnaître et dépasser l’ego spirituel
Prendre conscience de ces mécanismes est un premier pas essentiel. Il ne s'agit pas de rejeter ou de condamner l’ego, mais de reconnaître qu’il fait partie de l’expérience humaine. L’ego spirituel est souvent une étape sur le chemin, un miroir qui nous révèle ce que nous cherchons encore à posséder ou à contrôler.
Pour revenir à la présence, il est nécessaire de lâcher prise :
1. Abandonner l’idée d’être spécial : Tout ce qui naît du besoin de se distinguer ou de prouver quelque chose est un écart par rapport à l’Être.
2. Observer sans jugement : Lorsque l’ego se manifeste, simplement l’observer, sans le nourrir ni s’identifier à lui.
3. Se rappeler de l’essentiel : La spiritualité n’est pas une accumulation de savoirs ou de capacités, mais un retour à la simplicité, à ce que nous sommes au-delà des formes et des concepts.
Une humilité retrouvée
Il est important de comprendre que même l’illusion de l’ego spirituel a sa place dans le grand processus de la vie. Elle nous montre où nous avons encore des attachements, où nous sommes encore piégés dans l’idée d’un "moi" séparé. Avec cette compréhension, nous pouvons revenir, encore et encore, à l’humilité de la présence.
La présence ne prétend rien, elle ne fait rien pour être. Elle est simplement là, silencieuse, infinie, et c’est en s’abandonnant à elle que l’on découvre la vérité de ce que nous sommes : une conscience pure, au-delà de toutes identités.
En fin de compte, la spiritualité n'est pas un chemin pour devenir quelqu'un, mais pour s'effacer dans ce qui est déjà là, éternellement parfait.